Vous trouverez ci-dessous la lettre ouverte adressée à Jean Sarkozy par mon ami Benjamin Griveaux, vice-président (PS) du conseil général de Saône-et-Loire.
"Monsieur le conseiller général,
C’est un élu de 31 ans, conseiller général comme vous, qui vous écrit.
La polémique grandit sur votre probable élection à la présidence de l’EPAD. D’aucuns diront que c’est grâce à votre président de père que vous exercerez cette lourde charge, à seulement 23 ans. Sans doute ont-ils raison. Le conseil général des Hauts de Seine est connu pour son népotisme ambiant, et votre appartenance à un clan, tant politique que familial, est pour beaucoup dans votre nomination.
Pourtant, ce n’est pas ce énième fait du Prince qui me chagrine le plus. Après tout, le patronyme ne doit pas être un handicap, pour les mêmes raisons qu’il ne peut être un laissez-passer.
Voilà ce qui me choque profondément dans cette affaire.
D’abord, votre inexpérience. Vous allez prendre la tête de l’EPAD sans en avoir été même un simple administrateur. Vous n’avez jamais fait preuve de vos capacités de gestion dans aucun organisme, public comme privé. Je tairai votre absence de diplôme dans les domaines du droit et de la finance, ceux-ci n’étant pas, à mes yeux, obligatoirement synonymes de compétence.
Ensuite, un élu local a un ancrage territorial et un projet. Vous n’avez, dans ce cas précis, ni l’un, ni l’autre. Neuilly n’est pas sur le territoire couvert par l’EPAD et vous n’êtes l’élu d’aucune des trois communes concernées. Quant à votre projet, en dehors de celui d’être candidat à la présidence, il est inexistant à ce jour.
Enfin, l’argument selon lequel la valeur n’attend pas le nombre des années ne tient pas. Vous desservez l’image de tous les jeunes élu(e)s de ce pays. Nous sommes des centaines à n’avoir pas hérité d’un fief familial, à avoir gagné notre place au sein des vieux appareils par notre force de travail, de conviction et notre présence sur le terrain. En acceptant ce poste, vous reproduisez le pire des systèmes. Celui d’un autre âge, celui de nos prédécesseurs, celui d’une politique de la rente, où l’on distribue les titres. Notre génération doit être exemplaire à l’égard des Français. Seuls la compétence et le travail doivent ouvrir les portes de la République. Et rien d’autre.
J’en termine là en vous demandant de renoncer à cette présidence. Vous nous dites que vous n’êtes pas votre père. Prouvez-le, en refusant de perpétuer le système clanique qu’il a lui-même mis en place.
Benjamin Griveaux
Vice-Président PS du Conseil Général de Saône et Loire"
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