A l'université d'été du PS à La Rochelle, j'ai animé un atelier intitulé "le modèle allemand, une voie à suivre". Débats riches et instructifs dont vous trouverez ci-dessous le compte-rendu établi par le PS.
"Mathias Fekl présente la problématique de l'atelier en faisant ressortir deux caractéristiques de l’Allemagne. Son modèle économique reposant sur l’export et son modèle social, qui conjugue développement de la précarité et détricotage de la protection du travail. Sur le plan politique, l'Allemagne est une vraie démocratie parlementaire dans laquelle les collectivités territoriales ont une grande importance. Elle bénéficie d'une forte stabilité politique.
Pour Arnaud Lechevalier, il faut se méfier du terme "modèle" très ambigu, il existe plusieurs usages de cette notion. Le modèle national est remis en cause par la montée des pouvoirs locaux et la mondialisation. Le modèle productif qui, avant la réunification, assurait une formation duale Land/entreprises, bénéficiait d'une assurance sociale très développée et était financé par les banques. Il assurait une grande cohésion sociale mais a été mis à mal par le changement libéral au moment de la réunification puis par la mise en place de l'union monétaire. Le taux de couverture sociale de plus en plus faible a conduit à une augmentation des inégalités, de même que les réformes du travail, du financement de la protection sociale et l'internationalisation des banques.
La baisse du coût du travail et la glaciation des revenus ont
provoqué depuis 10 ans une très forte baisse de la demande des ménages.
De 2009 à 2012 l'activité a baissé de 20% mais le chômage, lui, n'a
augmenté que de 5%.
A cela plusieurs raisons :
- deux plans de relance budgétaire à hauteur de 3% du PIB ;
- une forte croissance à l'export ;
- une politique de l'emploi active : chômage partiel, compte épargne temps, flexibilité.
A long terme, cette dynamique risque d'être obérée par le comportement de l'Allemagne ces dix dernières années. Ses exportations très dépendantes de ce qui se passe dans la zone euro lui donnent un potentiel de croissance faible. L’absence de politique en direction des femmes entraîne une décroissance de la population qui aura des répercussions sur les retraites, le nombre d'actifs diminuant. Le taux d'investissement est très faible.
Pour Jean-Louis Levet, la France balance depuis les années 80 entre le modèle US et le modèle Allemand. Nous avons des difficultés à faire notre propre politique économique et nous n'avons pas de stratégie de développement à long terme. Nous souffrons de quatre déficits cachés : manque de stratégie, un manque de prospective, une absence d'évaluation des politiques publiques et pas de dialogue social. La France souffre également de l’absence de stratégie d’influence au niveau européen.
A son arrivée Sarkozy a d'abord copié le modèle US puis a fixé son obsession sur le modèle allemand, notamment sur le coût du travail et sa flexibilité. C’est une erreur. Nous devons construire une nouvelle vision de l'Union Européenne, une vision qui lui soit propre et qui ne copie pas un modèle particulier.
Pour Michèle Sabban, présidente de l'Association des régions d'Europe, nous devons prendre ce qu'il y a de positif dans le modèle allemand et notamment les landers, à peu près l'équivalent de nos régions. Ils définissent eux-mêmes les stratégies de leurs territoires et misent sur leurs spécificités. Ce fédéralisme allemend est une force.
Pour Gérad Filoche, nous ne pouvons avoir pour modèle un pays qui fait régresser les droits sociaux, provoquant un assèchement de la demande intérieure, sous risque de faire exploser l'Europe. Le respect de la règle d'or sera possible par des mesures fiscales adaptées, et non en faisant reculer le droit du travail, et par une réforme de la BCE. L'Europe et l'Euro ne peuvent être que sociaux et la France doit développer son propre modèle, adapté à ses spécificités.
Estelle Grelier, partage, avec plus de mesure, l'avis de Gérad Filoche. Nous ne devons pas suivre un modèle que les Allemands, y compris le SPD, veulent nous imposer. Nous ne devons pas afficher une amitié franco/Allemande sans accord sur un grand projet européen. Les français doivent s'investir dans les instances européennes, mener une véritable campagne pour l’élection du Président de la Commission Européenne.
Pour conclure, Arnaud Lechevalier confirme des tensions sur le pacte fédéral, dues au fait que les landers les plus riches ne veulent plus payer pour les plus pauvres, ce qui est à l’origine de l’émergence de la règle d’or en Allemagne."
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