Les résultats du premier tour des
élections municipales à Hénin-Beaumont nous ramènent plus de dix ans en
arrière lorsque, en 1995 et 1997, à Orange, Toulon, Marignane et
Vitrolles, l'extrême-droite l'avait emporté dans plusieurs villes de
France, semant la consternation dans le pays.
Ce dimanche, la liste conduite par le ticket Steeve Briois-Marine Le Pen est arrivée en tête du scrutin.
Un
maire sortant mis en cause dans de sombres scandales financiers et une
gauche fortement divisée sont les raisons les plus visibles de la
crise. Pourtant, comment ne pas voir aussi, plus en profondeur, les
conséquences de la crise économique, sociale, morale profonde qui mine
notre pays et touche, d'abord, les régions les plus fragiles comme, en
l'occurence, ce bassin minier si durement frappé par la crise et le
chômage. Et, au final, un enseignement simple: les partis républicains
doivent s'appliquer une exigence d'exemplarité absolue. C'est une
évidence, en tout temps et en tout lieu. C'est une impérieuse nécessité
en période de crise, où la désespérance est immense et propice, du
coup, aux démagogues en tout genre, prompts à faire des promesses tout
azimuth et à faire miroiter des solutions simplistes à des problèmes
complexes.
Il est encore temps pour les listes de gauche de
surmonter leurs rancoeurs et leurs divisions internes et d'être, ainsi,
à la hauteur de leurs responsabilités. Il n'est pas trop tard pour que
toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté s'unissent en un
front républicain contre le front national. C'est la condition pour
faire barrage à l'extrême-droite, dont les expériences municipales
passées ont été si peu concluantes. Ne minimisons pas cette élection,
ni son impact possible sur la politique nationale malgré des
circonstances locales très particulières. Car si Mme Le Pen évite les
pires provocations de son père et s'applique à incarner une version light de l'extrême-droite, les idées restent les mêmes et demeurent à l'opposé de l'idéal républicain.