Demain, 23 mai, a lieu l'élection du Président allemand. Trois candidats sont en lice: Gesine Schwan (SPD), une brillante universitaire candidate malheureuse lors du dernier scrutin; Horst Köhler (CDU), le Président sortant; Peter Sodann, le candidat présenté par Die Linke, l'équivalent outre-Rhin du front de gauche.
On le sait, le Président allemand n'a que fort peu à voir avec le Président de la République française. Elu par un collège de grands électeurs réunis au sein de l'Assemblée fédérale (Bundesversammlung), il a essentiellement des attributions honorifiques et symboliques. C'est donc plutôt un Président à la manière de la IIIè ou de la IVè République. Pourtant, ce ministère de la parole peut faire du Président allemand, pour peu qu'il en ait la volonté et le talent, une figure morale importante de la vie politique outre-Rhin.
L'on notera aussi qu'en Allemagne, le Président n'est autre qu'un ancien directeur général du FMI ;-)
En France, certains, notamment à gauche, rêvent d'une République pleinement parlementaire, avec un Président aux attributions réduites. La comparaison allemande invalide à mes yeux ce modèle. En effet, on le mesure scrutin après scrutin, l'élection présidentielle est l'une des rares élections à intéresser encore vraiment les Français. Impossible, donc, de revenir sur l'élection du Président au suffrage universel direct, instauré par Charles de Gaulle en 1962. Or, dès lors qu'il est ainsi le seul élu de la nation tout entière, il est tout aussi impossible de cantonner le Président à l' "inauguration des chrysanthèmes": incarnation politique du pays, il est nécessairement amené à jouer un rôle de tout premier plan. D'ailleurs, toute la vie politique en France s'organise autour de cette élection.
Que faut-il en conclure ? Sans doute, qu'il faut aller au bout de la logique présidentielle. Ce qui implique, à gauche et notamment au PS, d'assumer la réalité, en calant la vie du parti sur le fonctionnement de la Vè République. Avec deux possibilités. Soit, présidentialiser le parti, au risque de heurter de front notre culture et d'accentuer l'hyper-personnalisation de la vie politique, si souvent dénoncée. Soit, au contraire, rénover le parti pour qu'il redevienne un outil de conquête et de transformation: son rôle est alors de travailler sur le fond pour proposer un programme cohérent, puis, avant l'élection, d'organiser des primaires le plus ouvertes possibles pour le choix du candidat. Cette seconde option, en accord avec l'héritage socialiste, est aussi une option d'avenir - avec un premier secrétaire façon "Howard Dean", exclusivement concentré sur le travail de fond, le bon fonctionnement du parti et le choix du meilleur candidat ou de la meilleure candidate.
Il s'agit en fait de transformer le premier secrétaire du PS, candidat théoriquement naturel pour la présidentielle, en un secrétaire général, qui se sacrifie sur l'autel de l'intérêt général.
J'ai bien compris ?
Rédigé par : Fabien C. | 22 mai 2009 à 16:37
Oui. Et bien sûr, s'il veut lui-même se lancer dans la course, il peut le faire, mais à condition de démissionner alors de la tête du parti pour poursuivre son projet et ne pas fausser les règles du jeu.
Rédigé par : Matthias | 22 mai 2009 à 17:03