Il y a un an, la Fondation Terra Nova lançait le débat sur les primaires à La Rochelle.
Nous avions alors présenté, avec Olivier Ferrand et Aurélie Filipetti, les résultats d'un groupe de travail présidé par Olivier Ferrand et Olivier Duhamel, et dont j'étais le rapporteur (vous pouvez consulter le rapport en cliquant ici).
Aujourd'hui, la question des « primaires à la française », est au cœur du débat politique.
L’idée fait son chemin au sein de la classe politique. Mais les appareils, au parti socialiste et dans les autres partis progressistes, hésitent. Une mobilisation des militants et de la société civile, témoignant de la volonté des citoyens de choisir directement leur candidat à l'élection présidentielle, ainsi que la ligne politique qu'il défendra, pourrait contribuer à emporter la décision.
C’est pourquoi Terra Nova lance aujourd’hui, dans Libération et sur un site internet dédié aux primaires, un appel citoyen pour des primaires populaires de gauche. L'objectif est d'atteindre cent mille signataires. L'appel et les signatures seront remis aux leaders des partis progressistes.
Je vous invite à signer cet appel et à le faire signer autour de vous. Notre mobilisation peut faire la différence.
Rejoignez-nous et devenez les acteurs de cette révolution démocratique !
Ci-dessous, le texte de l'appel et la liste des 100 premiers signataires (politiques et société civile).
Appel pour une primaire populaire et ouverte
Nous appelons à une primaire populaire, ouverte au vote des sympathisants, afin que les citoyens de gauche et de progrès puissent choisir leur candidat à l’élection présidentielle.
La primaire est d’abord un élément de la refondation de la gauche.
Elle est une réponse à l’une des crises qui paralysent le parti socialiste et la gauche : la crise de leadership. Sept ans après son départ, la succession de Lionel Jospin n’est toujours pas assurée. Cette vacance au sommet a progressivement déstructuré la gauche et menace son avenir. La primaire apporte une solution institutionnelle à une carence institutionnelle : l’absence de procédure adaptée pour désigner le leader.
En 2012, la gauche n’aura plus gagné l’élection présidentielle depuis vingt-quatre ans. Elle n’a fourni, sous la Ve République, qu’un seul président à la France, contre cinq pour les conservateurs. La primaire peut contribuer à sa reconquête. En associant des millions de citoyens – 4 millions en Italie pour Romano Prodi, 35 millions aux Etats-Unis pour Barack Obama – à sa désignation, elle offre au candidat une formidable dynamique électorale, militante, citoyenne.
Mais la primaire est avant tout porteuse d’un puissant élan de modernisation de notre vie démocratique nationale.
La démocratie actuelle permet aux citoyens de répondre à la question : « Qui sera élu ? ». La primaire permet un approfondissement démocratique en leur donnant la possibilité de répondre d’abord à la question : « Qui sera notre candidat ? ». Cette prise de pouvoir des citoyens sur le choix de leur représentant participe du nouvel âge démocratique qui s’annonce et d’une nouvelle construction de la légitimité politique.
La démocratisation engagée par la primaire ne s’arrête pas au choix du candidat à la présidentielle. Elle concerne aussi l’offre politique. Aujourd’hui, les projets sont décidés « en chambre ». Avec la primaire, le choix passe dans les mains des citoyens : ils y votent en effet, non seulement pour une personnalité, mais aussi pour la ligne politique qu’elle défend. A terme, le projet sera co-produit avec eux, dans le cadre de procédures de démocratie participative.
Au final, c’est la conception même des partis politiques que la primaire revisite. De boîtes noires, ils pourraient se transformer en moteurs d’une nouvelle révolution démocratique.
C’est pourquoi nous, citoyens de gauche, demandons au parti socialiste, ainsi qu’aux autres partis progressistes, d’adopter un système de primaire populaire pour désigner notre candidat à la présidentielle. Les propositions sont sur la table. Les modalités sont encore à discuter. Naturellement, le périmètre politique de la primaire ne pourra être arrêté qu’à l’issue d’un travail préalable sur le fond, permettant d’élaborer des fondements idéologiques communs. Mais le principe doit être arrêté dès maintenant, sereinement, et non dans l’urgence pré-électorale.
Il en va de l’avenir de la gauche et de notre démocratie.
Liste des 100 premiers signataires
Franck Adisson (Champion olympique de canoë) ; Philippe Aghion (Economiste, professeur à Harvard) ; Claude Alphandéry (Economiste) ; Jean-Pierre Azéma (Historien) ; Julien Bargeton (Auditeur) ; Laurent Barry (Anthropologue, membre du Collège de France) ; Delphine Batho (Députée) ; Jean-Michel Baylet (Président du PRG) ; Pierre Beaufils (Dirigeant de société) ; Christophe Bejach (Banquier d’investissement) ; Najat Belkacem (Porte-parole de Ségolène Royal) ; Aymen Ben Miled (Haut fonctionnaire territorial) ; Pierre Bergé (Homme d’affaires) ; Alain Bergounioux (Historien) ; Stéphane Beroud (Médecin du sport) ; Loïc Blondiaux (Politologue) ; Laurent Bouvet (Politologue) ; Emeric Bréhier (Directeur de cabinet de collectivité); Zabou Breitman (Actrice) ; Julia Cage (Chercheur) ; Louis-Jean Calvet (Sémiologue) ; Guillaume Cantillon (Directeur d’ONG) ; Roland Cayrol (Politologue) ; Christian Chavagneux (Journaliste) ; Patrice Chéreau (Metteur en scène) ; Patrick Clastres (Historien) ; Gabriel Cohn-Bendit (Educateur) ; Gérard Collomb (Maire de Lyon) ; Seybah Dagoma (Adjointe au maire de Paris) ; Geneviève Delaisi de Parseval (Psychanalyste) ; Bertrand Delanoë (Maire de Paris) ; Eric Delzant (Directeur de collectivité) ; Antoine Détourné (Président du MJS) ; Jacques Donzelot (Sociologue) ; Louis Dreyfus (Ancien directeur général du Nouvel Observateur et de Libération) ; François Dubet (Sociologue) ; Sophie Duez (Actrice) ; Olivier Duhamel (Politologue) ; Jean-Christophe Erard (Directeur de collectivité) ; Matthias Fekl (Rapporteur du groupe de travail de Terra Nova sur les primaires) ; Olivier Ferrand (Président de Terra Nova) ; Aurélie Filippetti (Députée) ; Charles Fiterman (Ancien ministre) ; Véronique Fournier (Directrice du centre d’éthique clinique Cochin) ; Gaspard Gantzer (Directeur de cabinet de collectivité) ; Christophe Girard (Adjoint au maire de Paris) ; Roger Godino (Ancien doyen de l'INSEAD) ; Jean-Noël Guérini (Président du conseil général des Bouches-du-Rhône) ; Wojtek Kalinowski (Journaliste) ; David Kessler (Ancien conseiller de Lionel Jospin) ; Christophe Lameignère (Dirigeant de société) ; Jack Lang (Député) ; Bettina Laville (Présidente de Vraiment durable) ; William Leday (Chercheur) ; Fabrice Lenseigne (Economiste) ; Patrick Le Lidec (Politologue) ; Daniel Lequertier (Ambassadeur de France) ; Daniel Lindenberg (Essayiste) ; Bernard-Henri Levy (Philosophe) ; Noël Mamère (Député) ; Bernard Manin (Politologue) ; Daniel Marchac (Chirurgien, professeur au Collège de médecine des hôpitaux de Paris) ; François Marthouret (Acteur) ; Thomas Melonio (Economiste du développement) ; Pierre-Michel Menger (Sociologue) ; Olivier Meyrou (Réalisateur) ; Jean-Pierre Mignard (Avocat) ; Patrick Mignon (Sociologue) ; Jean-Louis Missika (Adjoint au maire de Paris) ; Nina Mitz (Dirigeant de société) ; Olivier Mongin (Directeur de la Revue Esprit) ; Arnaud Montebourg (Député) ; Pierre Moscovici (Député) ; Franck Nicolaieff (Juriste) ; Marc-Olivier Padis (Philosophe) ; Vincent Peillon (Député européen) ; Jean Peyrelevade (Vice-président du Modem) ; Thomas Philippon (Economiste) ; Thomas Piketty (Economiste) ; Olivier Poivre d'Arvor (Ecrivain) ; Bruno Rebelle (Ancien directeur de Greenpeace international) ; Jean-Michel Ribes (Directeur du théâtre du Rond-Point) ; Michel Rocard (Ancien premier ministre) ; Joël Roman (Philosophe et éditeur) ; Rost (rappeur) ; Olivier Roy (Politologue) ; Patrick Savidan (Philosophe, président de l’Observatoire des inégalités) ; Christiane Taubira (Députée) ; Denis Tersen (Directeur d’administration) ; Jean-Philippe Thiellay (Magistrat) ; Benoît Thieulin (Dirigeant de société) ; Louis-Georges Tin (Porte-parole du CRAN) ; Alain Touraine (Sociologue) ; Pierre-Victor Tournier (Criminologue) ; Mohamed Ulad (Réalisateur) ; Justin Vaïsse (Historien) ; Manuel Valls (Député) ; Patrick Weil (Politologue) ; Georges Vigarello (Historien) ; Karim Zeribi (Fondateur du Parlement des banlieues).
Rendez-vous sur le site internet de l'appel. Venez nombreux !
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