Vous trouverez ci-dessous mon intervention lors de la dernière séance plénière du Conseil économique et social régional, consacrée notamment au dernier rapport de conjoncture pour l'Aquitaine, que le Conseil va mettre en ligne prochainement. Vous pouvez dès à présent lire la synthèse du rapport sur le site du CESR.
"Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil économique et social régional,
Merci de m’avoir invité aujourd’hui, et merci beaucoup de la qualité de vos travaux que nous avons lus avec attention, à la fois parmi les élus régionaux et dans les services.
Vous placez la présentation de ce rapport sous le signe de l’asymétrie, j’y ajouterais peut-être le contraste. Contraste entre d’une part une région Aquitaine qui, comme le prouvent les chiffres, résiste un peu mieux à la crise que la moyenne des autres régions, que ce soit en termes de croissance économique ou en termes de chômage où elle est très légèrement en dessous de la moyenne nationale et, d’autre part, la gravité de la crise que l’on constate dans tous les secteurs de notre économie. L’ensemble des interventions aujourd’hui, dans cette enceinte, en témoigne, dans l’agriculture, dans l’industrie, dans les services, la crise est là et elle frappe durement.
Les élus régionaux le voient bien aussi. Je suis élu d’un territoire, le Lot-et-Garonne, qui comme vous le dites d’ailleurs dans le rapport, souffre plus que d’autres territoires en Aquitaine. Les difficultés rencontrées par notre économie et, par endroits, la déliquescence du lien social y sont flagrantes. Il faut donc avoir à l’esprit les deux notions, à la fois l’aspect positif (cela va moins mal qu’ailleurs), et l’aspect négatif (tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, c’est le moins que l’on puisse dire).
Il y a un ensemble de politiques à mettre en place aux niveaux mondial, européen et national. Je vais pour ma part, aujourd’hui, me contenter de développer brièvement ce que la Région essaie de faire au niveau aquitain.
D’abord une série de politiques conjoncturelles envers les entreprises, mises en place pour répondre à la crise. Crise aggravée dans notre région par la tempête Klaus qui a provoqué des dégâts importants, avec le constat que nos entreprises étaient confrontées à certaines difficultés particulières, notamment de trésorerie et d’accès au crédit. Le Conseil régional y a répondu, notamment en mettant en place de nouvelles aides en matière de trésorerie, en prononçant un moratoire d’un an sur le remboursement des crédits des entreprises en difficulté, et en créant de nouvelles aides spécifiques à la relance pour les entreprises qui connaissent des difficultés dans le contexte de la crise.
Et puis des actions conjoncturelles envers les salariés, que ce soient des aides directes en matière de formation, la mise en place d’un chèque de reclassement de 4 000 € qui peut intéresser les salariés en reconversion, ou encore la création d’un fond régional de formation dans les PME.
Actions de long terme
de la Région, qui doivent se déployer dans un certain nombre de secteurs et qui rejoignent, me semble-t-il, les recommandations et axes d’améliorations formulés dans votre rapport.D’abord les infrastructures, puisque l’un des premiers rôles de la puissance publique est de créer un contexte favorable à la croissance. J’évoquerai deux grands projets structurants pour notre région :
- la Bordeaux – Pau, qui sera en circulation au premier trimestre de l’année prochaine,
- l’engagement fort de la Région sur la LGV, qui est à la fois l’un des plus grands chantiers européens actuels et un projet fondamental pour les décennies à venir, avec un engagement global du Conseil régional de 600 millions ,sur la période.
Deuxième grand axe, l’innovation et la recherche. Le rapport de Pierre DELFAUD, publié en décembre dernier par votre Conseil et intitulé « Les capacités de réaction de l'économie aquitaine face aux effets de la crise financière », avait insisté sur ce point en montrant les avancées faites par l’Aquitaine en la matière. Aujourd’hui, 12% du budget régional sont consacrés à cet axe, cher au Président ROUSSET, et que nous allons naturellement poursuivre, y compris en renforçant les politiques d’innovation envers les PME.
Développement international
. Le Conseil régional souhaite aider les entreprises d’Aquitaine, tout particulièrement les PME, à exporter plus. Le constat est fait dans le rapport, les entreprises aquitaines n’exportent pas assez. Il nous faut aider les entreprises qui n’exportent pas encore à aller vers les nouveaux marchés émergents, notamment le marché chinois. Et pour celles qui exportent déjà, il nous faut les aider à diversifier leurs débouchés. Dans cette logique, le Président Rousset conduira, la semaine prochaine, une délégation aquitaine en Chine, pour constater sur place comment fonctionne le Bureau ouvert par l’Aquitaine à Wuhan pour aider les entreprises, améliorer le cas échéant ce dispositif et engager ensemble la réflexion pour l’avenir, en lien notamment avec les Chambres consulaires.Je conclurais sur deux points :
D’abord, cela a été dit aujourd’hui, l’importance de la confiance. La confiance ne se décrète pas, elle se construit. Elle exige de la part des responsables publics à tous les échelons de collectivités de l’exemplarité d’abord dans leur fonctionnement personnel et ensuite dans les choix politiques qui sont faits.
Elle suppose aussi de renouer avec un pari sur le long terme, car les acteurs économiques ont besoin de visibilité et de stabilité dans les choix réalisés, ils n’ont pas besoin de volte-faces en fonction de l’humeur du jour. Il faut une adéquation des politiques menées à la conjoncture, bien sûr, mais il ne faut pas que les choix stratégiques soient remis en cause tous les quatre matins.
Second point, le rôle de la puissance publique. Si aujourd’hui la réforme des collectivités territoriales heurte tellement d’élus, ce n’est pas seulement par idéologie, pas seulement par goût de l’opposition stérile, mais bien parce que nous considérons que la réforme territoriale telle qu’elle est conduite aujourd’hui affaiblit le potentiel financier des collectivités et crée le doute ; et le doute, dans les entreprises comme dans les collectivités, n’est bon ni pour l’action, ni pour l’investissement. Ainsi, la réforme actuelle fragilise les collectivités territoriales, qui sont à l’origine des ¾ des investissements publics civils dans notre pays. Et elle fragilise singulièrement la collectivité territoriale qui peut apporter un vrai plus en matière de développement économique, à savoir, la Région, en créant un élu « génétiquement modifié », un « ovni territorial » qui ne saura pas trop quel sera son rôle, sans engager la réflexion sur l’avenir de cette collectivité dans un contexte européen qui voit partout son renforcement. Quand on regarde partout ailleurs, en Europe et dans le monde, c’est la Région ou son équivalent, les Länders allemands, les communautés autonomes espagnoles, en Grande-Bretagne dans le cadre des politiques de devolution, c’est cet échelon-là que l’on conforte car c’est lui qui a l’impact et la force de frappe stratégique pour le bon équilibre entre une vision globale et une relative proximité.
Tels sont les points ce que je souhaitais développer devant vous, à la fois sur l’action de la Région et sur le contexte, le cadre institutionnel qui, à notre avis, doit prévaloir pour que nous puissions continuer à exercer convenablement les politiques qui nous sont confiées.
Je vous remercie".
Commentaires