Quelques mots rapides sur le récent remaniement ministériel, étant entendu d'emblée qu'il ne faut pas en exagérer l'importance: en sarkozie, le gouvernement fait partie du décor, et puisque la Constitution parle de ministres, il en faut bien quelques-uns pour amuser la galerie. Mais le vrai pouvoir, c'est entendu, est concentré à l'Elysée, entre les mains du Président et d'une poignée de conseillers du prince: car c'est bien là que sont conçues les politiques publiques, arbitrées les décisions et arrêtées les nominations essentielles.
Un sujet d'étonnement, d'abord: pour être promu en sarkozie, il faut et il suffit d'avoir soit braqué l'opinion par une conduite politique abrupte et non concertée, soit de n'avoir rien fait dans son précédant ministère. Ce fut, de l'avis de tous, le cas de Brice Hortefeux, dont le bilan au ministère du travail tiendrait sur le recto d'une carte de visite, mais qui va désormais pouvoir, au ministère de l'intérieur, déployer et généraliser sa politique du chiffre, aveugle et arbitraire, qui a déjà fait preuve de son inefficacité et de ses effets délétères dans d'autres domaines. Bref, les récentes promotions témoignent pour la plupart d'une interprétation étonnante du "travailler plus pour gagner plus", cher jadis aux théoriciens du régime.
Et puis, il y a les nouveaux promus et le re-découpage des départements ministériels.
La disparition du secrétariat d'Etat aux droits de l'homme acte de la mort clinique de celui-ci, depuis bien longtemps déjà. Malgré une rhétorique volontariste, la politique des droits de l'homme est morte au plus tard lors de la visite d'Etat de Kadhafi à Paris. L'on ne peut que le regretter, tant il est vrai que la voix de la France dans le monde n'est entendue que lorsqu'elle porte haut et fort le message des opprimés de la planète.
L'arrivée de Frédéric Mitterrand n'est un "joli coup" qu'en apparence. Homme de culture, mais aussi de médias, il n'a, malgré son patronyme prestigieux et connoté, jamais été de gauche. Il fut au contraire l'un des soutiens de Jacques Chirac dès la campagne de 1995. Mais, au-delà du nom, la vraie question est simple: réussira-t-il enfin à insuffler une vraie politique culturelle à Nicolas Sarkozy ? parviendra-t-il, sinon à le convaincre de lire la Princesse de Clèves, du moins à afficher un mépris un peu moins éclatant des choses de l'esprit ?
Et puis, il y a Michel Mercier, le dernier en date des transfuges de chez François Bayrou et nouveau ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire. Que va-t-il proposer, concrètement, pour la ruralité française ? Va-t-il rompre avec une tradition désormais bien ancrée, aux termes de laquelle aménagement du territoire rime avec déménagement de l'espace rural ? Car c'est bien d'une réflexion en profondeur et d'une action massive dont nos espaces ruraux ont besoin, pour qu'y demeurent de vrais services publics et que s'y instaurent de nouveaux équilibres économiques et sociaux.
C'est sur leur action concrète qu'il faudra juger l'équipe en place depuis hier.
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