AQUITAINE. Alain Rousset a été élu, hier, président du Conseil régional. Son équipe est fortement renouvelée
Monique De Marco était rayonnante, hier, à l'hôtel de Région à Bordeaux. L'élue verte de Talence, qui a été préférée à Marie Bové, la protégée de Noël Mamère, pour conduire la liste Europe Écologie en Aquitaine, a, il est vrai, de quoi être satisfaite. Alors que son alliance électorale n'a pas dépassé les 10 % des voix au premier tour du scrutin régional, base minimale supposée pour mener à bien de vraies négociations de gouvernement, l'élue girondine peut se targuer d'un beau bilan. Elle a été élue hier deuxième vice-présidente du Conseil régional d'Aquitaine en charge de l'environnement, une délégation qui disposera de moyens humains et financiers, selon l'accord signé avec Alain Rousset. Deux autres élues Europe Écologie, Bérénice Vincent (Dordogne) et Martine Alcorta, une Béglaise élue dimanche dernier dans le Lot-et-Garonne, deviennent elles aussi vice-présidentes, chargées de l'innovation sociale pour la première et du logement pour la seconde.
Les TER pour les écologistes
Et ce n'est pas tout. C'est bien Patrick Du Fau de Lamothe, élu girondin issu du milieu associatif, qui hérite de la compétence des transports express régionaux (TER) en tant que conseiller régional membre de la commission permanente. Quatre responsabilités pour dix élus au total. Qui dit mieux ? Pas le Front de gauche, en tout cas. Rappelons qu'avec son score d'à peine moins de 6 %, il n'a obtenu que trois sièges, deux places seulement à la commission permanente, dont une élargie à la compétence « culture et citoyenneté » pour Gérard Boulanger, l'élu bordelais.
Alain Rousset, à qui pas une voix n'a manqué (58 sur 85, 10 votes nuls ou blancs du Modem et non- participation au vote de l'UMP) pour accéder une troisième fois au fauteuil de président, a présenté une équipe fortement renouvelée. Le maire d'Oloron, Bernard Uthurry, succède à Jean-Louis Carrère, le sénateur PS des Landes, comme premier vice-président chargé des infrastructures. Il aura à gérer la délicate question de la ligne à grande vitesse, notamment au sud de Bordeaux, pour laquelle Europe Écologie et le PS se sont entendus sur des études de trafic fret et voyageurs complémentaires et indépendantes de RFF au sud de Bordeaux.
Renaud Lagrave, conseiller municipal de Mont-de-Marsan et premier fédéral (PS) des Landes, prend le tourisme ; Michel Moyrand, les politiques contractuelles avec les pays et l'agglomération, et Jean-Pierre Raynaud sera en terre de connaissance avec l'agriculture puisqu'il préside la Chambre d'agriculture de la Dordogne et la Fédération régionale des coopératives agricoles d'Aquitaine.
À noter enfin la présence dans l'équipe des 15 vice-présidents de l'élu lot-et-garonnais Matthias Fekl, adjoint au maire de Marmande et magistrat au tribunal administratif de Paris. Il gérera l'emploi et le développement économique tandis qu'Isabelle Boudinaud, élue béglaise proche d'Alain Rousset, est affectée, à la dernière minute, aux finances, un poste de confiance.
Orientation et formation
Dès son élection, Alain Rousset a insisté sur sa volonté d'agir très concrètement pour l'emploi et la formation des jeunes. « Nous allons expérimenter un service public régional, un service public de l'orientation, de la formation et de l'emploi », a-t-il déclaré. L'innovation, les transports ferroviaires, la ligne à grande vitesse et les TER, la réduction de l'empreinte carbone de la région de 30 % d'ici 2020, sont les autres contrats sur lesquels Alain Rousset s'est engagé.
Les trois groupes constitués ont ensuite pris la parole. Xavier Darcos (UMP, Gironde), au nom de la majorité présidentielle, a remercié ses compétiteurs pour cette « campagne sans dérapages et sans indignités alors que la souffrance sociale et la crise qui traverse notre pays auraient pu conduire à des solutions d'ostracisme dont nous n'avons pas besoin ». Il a indiqué que son groupe sera vigilant, constructif et militant de l'utilité pour la région. Le candidat battu dimanche dernier dans un combat électoral qui semblait hors de portée pour la droite a aussi souligné trois points de convergence avec les propos d'Alain Rousset, sur l'emploi des jeunes, l'adaptation des formations et la défense de l'agriculture.
Geneviève Darrieussecq (Modem, Landes) a insisté sur le besoin de reconnaissance du Conseil régional : « L'abstention est la preuve que nous ne sommes pas assez identifiés par les citoyens », a dit la maire de Mont-de-Marsan. Gérard Boulanger (Front de gauche) a regretté la faible représentation de son groupe dans l'Assemblée, « ce qui nous obligera à parler deux fois plus fort ». Monique De Marco, quant à elle, a souhaité que l'assemblée siège six ans et non quatre, comme le prévoit la réforme territoriale en discussion au Parlement. Heureuse de la présence verte au sein de ce troisième gouvernement Rousset.
Les vice-présidents d'Aquitaine
Bernard Uthurry (PS, 64) : Infrastructures.
Monique De Marco (EE, 33) : Environnement.
Michel Moyrand (PS, 24) : Politiques contractuelles (pays et agglomérations.
Anne-Marie Cocula (PS, 33) : Éducation, culture, formation.
Stéphane Delpeyrat (PS, 40) : Sports et Jeunesse.
Catherine Veyssy (PS, 33) : Formation professionnelle
Ludovic Freygefond (PS, 33) : International et coopération décentralisée.
Bérénice Vincent (EE, 24) : Économie solidaire et innovation sociale.
François Maïtia (PS, 64) : Europe et relations transfrontalières.
Isabelle Boudineau (PS, 33) : Finances.
Jean-Pierre Raynaud (PS, 24) : Agriculture.
Martine Alcorta (EE, 47) : Logement.
Renaud Lagrave (PS, 40) : Tourisme.
Solange Menival (PS, 33) : TPE et artisanat.
Matthias Fekl (PS, 47) : Emploi et développement économique.
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