France-Allemagne : un nouveau souffle à trouver
Né en Allemagne, le député du Marmandais Matthias Fekl, explique sa vision de la relation entre les deux pays.
Pour Matthias Fekl, la relation franco-allemande doit trouver un nouveau souffle
(photo grégoire Morizet)
Les 50 ans de l'amitié franco-allemande sont commémorés en grande pompe par les dirigeants français et allemands. Avec force cérémonies et gestes symboliques, François Hollande et Angela Merkel se réjouissent de cette relation amicale, héritage des De Gaulle, Adenauer et autres Kohl (lire en encadré).
« Les symboles, c'est très bien. C'est essentiel pour perpétuer le devoir de mémoire, dit Matthias Fekl. Mais nous avons surtout besoin d'un vrai projet commun, nous devons aller de l'avant et retrouver un leadership franco-allemand.»
Construire un espace de paix
Né à Francfort, le jeune député de 34 ans a passé toutes ses années d'enfance à Berlin. « J'y ai vécu jusqu'à mon bac. J'étais scolarisé au lycée français, et je vivais dans cette citadelle qu'était Berlin-Ouest, au milieu de la dictature. Ça m'a beaucoup marqué, enfant. On voyait régulièrement les unes de journaux consacrées à un homme ou une femme abattu d'une balle dans le dos pour avoir voulu franchir le Mur ». La construction d'un espace de paix et d'amitié européen n'a donc pour lui rien d'anodin. « Cette relation particulière entre les deux pays n'est pas spontanée, poursuit-il. Elle résulte des horreurs de la guerre, et a donné lieu à la plus longue période de paix qu'ait connu le continent. Ce couple franco-allemand est devenu un pivot central de l'Europe, et il faut à tout prix le préserver, sans que les deux États ne fassent bande à part.» Depuis quelques années, souligne Matthias Fekl, les relations entre les deux pays se sont légèrement distendues. « Jacques Chirac, tout comme Gerhard Schröder, n'avait pas cette amitié chevillée au corps. Ils l'ont laissée flotter, sans lui donner de nouvelle impulsion ». Une faute, pour le député. Et d'égrener les signes de cette indifférence naissante : principal présage, les jeunes n'apprennent plus la langue du pays voisin. « C'est dommage, car il va falloir donner un nouvel élan aux relations entre les deux nations », explique-t-il, bien qu'il n'entretienne lui-même plus d'étroites relations avec son pays natal.
Besoin d'une impulsion
Un nouvel élan qui passerait par la mutualisation de plusieurs domaines. « Par exemple, on pourrait mettre en commun nos budgets en matière de recherche et d'innovation. Les Allemands ont à ce sujet un côté très pragmatique que n'ont pas les Français. À l'inverse, en ce qui concerne la protection sociale, les Français ont probablement des choses à apporter».
Les deux pays sont avertis : les relations franco-allemandes ont besoin d'un nouveau souffle.
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